Oh, vous savez, on se focalise souvent sur le clic et sur les cliqueurs invétérés, mais même un jeu sans le moindre clic — sans le moindre sujet délicat — peut devenir insupportable pour beaucoup. Les mots pèsent parfois bien plus lourd que les actions. Ce n’est pas tel ou tel type de jeu qui pose problème : c’est la manière dont il est joué.

J’avoue avoir mis du temps à comprendre comment un simple « hi ! hi ! hi ! » répété à l’envi pouvait provoquer un exode massif de joueurs. Dit comme ça, ça paraît encore surréaliste… Et pourtant. J'étais devenue malgré moi le cauchemar et la hantise de bien des joueurs. Transformant l'expérience du jeu en un véritable calvaire.

En matière de delete, de rage quit, de H2 “définitif”, de re-H2 tout aussi “définitif”, voire de re-re-H2 mais “temporaire”, je dois reconnaître qu’au fil des années, je figure en haut du tableau. J’ai conscience d’être un cas à part : une joueuse très clivante. Certains m’adorent, d’autres me détestent au plus haut point, d’autres encore me fuient comme la peste. C’est comme ça.

Et pourtant, durant toutes ces années, j’ai été une piètre cliqueuse : je n’ai jamais rien optimisé, je n’ai harcelé personne (bon, oui, j’ai bien organisé la guerre des sexes avec les plans Vigimacho I, II, III et IV et les FEMELS… mais à Vigimacho V, tout le monde a craqué et m’a gentiment demandé de faire autre chose). C’était davantage une guerre des genres qu’une affaire sexuelle à proprement parler. J’ai peut-être l’ego haut perché, mais je ne m’en suis jamais servi pour monopoliser le jeu.

Depuis la fin de la V4, je n’ai été à la tête d’un État qu’une seule fois — parce que Graaaagh a lourdement insisté — et encore, pendant un mois, il y a une dizaine d’années. C’est tout. Je n’ai jamais poussé qui que ce soit au suicide ; d’ailleurs, je préfère tout arrêter net dès qu’un joueur me dit qu’il ne supporte plus mon jeu. C’est radical, j’en conviens, mais au moins le malaise cesse. À ce compte-là, je ne me souviens pas d’un jeu continu de plus de six mois, sauf peut-être au tout début de la V5. À l’époque, j’étais collégienne et très timide. Oui, je vous jure !

Je tiens à tirer mon chapeau au staff : gérer l’humain n’a rien de simple. Chercher en permanence le juste milieu pour contenter le plus grand nombre, c’est un casse-tête permanent. D’autant que ce jeu traverse les décennies et que le curseur évolue avec la société : des milliers de joueurs au pic de Kraland aux quelques centaines d’habitués que nous sommes aujourd’hui, qui vieillissent, relativisent… et continuent de s’écharper avec passion.

Normalement, en vieillissant, on gagne en sagesse. Je suis pourtant surprise qu’on en soit encore à des débats aussi enflammés. Certes, ce n’est plus l’époque des grands abusators homo optimum, avec par exemple les BY qui rasaient les villes brunes en série. Je peux vous dire qu’à ce moment là, il y a eu des foires d’empoigne mémorables sur Entracte qui feraient passer les débats actuels pour de simples escarmouches ; cela a conduit à des changements drastiques des règles, et même, à un moment, à l’interdiction pure et simple des bombardements. Et malgré tout, on disait de moi que j’étais plus dangereuse et plus toxique que des escadrilles entières de bombardiers slavons. C'est dire ma toxicité comme joueuse.

Tout ça pour dire que, quel que soit le jeu ou la thématique — on pourra débattre à l’infini de ce qu’il faut autoriser ou restreindre —, l’essentiel est de se souvenir que derrière chaque personnage, il y a une personne. Dans « interactivité », il y a attention à l’autre : se demander comment l’autre peut réagir à son propre jeu, et s’adapter. L’inverse est vrai aussi.

Le but n’est pas un jeu aseptisé où plus personne n’ose rien, au-delà du RP dînette, mais bien une diversité de personnages qui se croisent, se frottent, se répondent, et tissent ensemble un univers parodique où chacun trouve sa place et son plaisir.

Après toutes ces années, nous formons bel et bien une communauté. Ce qui nous unit ici, c’est notre attachement à ce jeu. Alors faisons en sorte qu’il continue de nous passionner : c’est un effort de chaque jour ou du moins régulier pour ceux qui ne sont pas là tous les jours.

Jessica Gadget a écrit :

C'est marant Jessica mais pour quelqu'un qui disait vouloir ne pas être dans le jugenent des autres quelques messages plus haut tes discours sont assez "aggresifs" et dans le jugement pur.

Si tu ne me crois pas demande une analyse a chatgpt il t'en fera une de tes propos et me fera gagner du temps.

Naiá Jacimirim a écrit :


C'est plutôt bien résumé, et par ailleurs je rejoins pas mal de points partagés par Camille.
On ne peut pas aseptiser le jeu à chaque fois que tel ou tel joueur trouve que "ceci" ou "cela" n'a pas sa place sur le jeu. On ne peut pas satisfaire aux sensibilités de tous.
On ne peut pas non plus citer le code pénal pour des relations inter-personnages sur lesquelles cette législation et réglementation ne s'appliquent absolument pas.

Que les personnages puissent s'écharper, se menacer de meurtre etc. ne me choque absolument pas. Qu'on puisse ponctuellement inviter un personnage à se jeter dans la Meuse pour vérifier ses capacités à tenir l'apnée pendant 24h non plus. Le faire avec subtilité, légèreté et taquinerie est nécessaire conformément aux règles de KI (qui, pour le coup, s'appliquent).

On ne va pas interdire tout, tout le temps, pour des actes qui sont généralement à la marge et qui concernent souvent une minorité.
Lorsqu'il y a des problèmes de harcèlement, c'est au Kradesk de trancher, pas à la communauté de trinquer.

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Anarazel - dit Nanaar.
« Un jeu de rôle n'est pas fait pour jouer contre les autres, mais avec les autres : c'est ainsi que vous pourrez développer le monde dans lequel vous évoluez - votre plaisir n'en sera que plus grand. »

El Vargol a écrit :

Totalement d'accord.

Naiá Jacimirim et Azraël ont écrit :

Le but n'est pas d'aseptiser le jeu (je serai le premier que ça gonflerai). J'ai peut-être loupé un message mais il ne me semble pas que quelqu'un ai proposé d'interdire les termes lié à des thématiques lourdes comme le viol et le suicide.

Ce qui est demandé, c'est juste de faire preuve d'écoute et savoir se stopper quand un joueur exprime son malaise sur un sujet.
Et cesser d'avoir le réflexe de penser que si ça le dérange, c'est de sa faute.

Je suis dans l'ensemble d'accord avec les 4 messages précédents (edit: je n'avais pas compté le message d'El Muro dedans), et c'est pour ça que je tentais de faire comprendre à Camille que mon problème avec certains de ses anciens personnages n'était pas le thème abordé mais bien la manière maladroite de le faire, puis la réponse HRP reçue ensuite quand j'ai fait part de mon malaise.
(Je précise à sa décharge tout de même que son personnage a quand même effectivement stoppé les actions RP/propos dérangeants à l'encontre de mon personnage)

Aborder des thématiques potentiellement touchy/trash de manière humoristique et parodique, c'est possible, mais ce n'est pas forcément un exercice si facile et il faut donc être prêt à se remettre en question. Et sur cela Camille n'est qu'un exemple parmi d'autres. C'est regrettable qu'il rage delete pour cette conversation.

Le "les victimes n'ont qu'à s'éloigner et consulter un psy" est une pente glissante selon moi.

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Patchouli Knowledge / Toph Bei Fong / Fan (La Norne/Von Rich) / Nian

Loke Von Rich a écrit :


D'ailleurs, cela impliquerait une gradation de l'horreur qui n'est pas fondée : en quoi est-ce que le viol et le suicide seraient moralement pires que les meurtres, crimes de guerre et les génocides ?
Les règles de KI permettent déjà d'interdire le viol entre personnages ("Attention: restez correct, n'imposez aucun trip malsain à un autre joueur." dans l'ordre parler).

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Anarazel - dit Nanaar.
« Un jeu de rôle n'est pas fait pour jouer contre les autres, mais avec les autres : c'est ainsi que vous pourrez développer le monde dans lequel vous évoluez - votre plaisir n'en sera que plus grand. »

Azraël a écrit :

Y a un monde entre aseptiser et avoir un minimum d'exigences face à certains types de jeu.

Quand on choisit d'employer des sujets rendus problématiques par leur charge sociale, c'est normal qu'on fasse face à des exigences plus élevées que l'éleveur de poneys zoophile. C'est pareil pour les humoristes, on a tous déjà serré les dents devant des spectacles où des artistes totalement dépassés par les enjeux sociaux d'un sujet se plantaient en essayant de faire une blague sur la population LGBTQ+ ou certaines minorités ethniques ; j'ai personnellement arrêté de suivre des comiques qui refusaient d'abandonner des thèmes qu'ils étaient incapables d'exploiter sans avoir l'air de tirer sur l'ambulance, surtout lorsqu'ils prennent la parole pour dire que les critiques viennent de gauchistes-wokistes sans sens de l'humour.

C'est un peu la même chose pour le roleplay (toute proportion gardée évidemment, personne ici n'a le talent de Jim Jefferies).

Un texte inoffensif ne sera pas blâmé pour son insipidité, alors que si l'on aborde le viol, le suicide, les phobies de genre ou des affaires de génocide, c'est normal que l'on se retrouve face à des lecteurs sceptiques et qu'il faudra justifier le choix d'un sujet intrinsèquement tragique. Hors, si l'on aborde l'affaire en exigeant le droit de parler de cela sans proposer le moindre décalage face à la réalité, c'est normal que l'on sorte de là avec quelques questions quant aux raisons pour lesquelles on choisit de parler d'une telle chose sans rien offrir de potentiellement parodique.

Les paroles de Desproges sont souvent invoquées "on peut rire de tout", mais on oublie souvent qu'il complète cela avec "mais pas avec tout le monde". Il parlait du fait que face à Jean-Marie Le Pen et l'extrême droite vomitive qu'il représentait, il était pas jouasse et il a passé son sketch à se moquer de l'extrême droite et à pointer leur absurdité. La défense de Luis Rego aussi est très drôle dans ce procès, où il raconte la journée d'un facho-raciste, avec tout ce qui s'y passait de ridicule face à tous les étrangers autour de lui.

Oui, il est possible de parler de suicide, de viol et de pédophilie sur Kraland, mais, ne serait-ce que pour des motifs légaux, les personnes qui choisiraient de jouer autour de ces sujets devraient être soumis à des règles beaucoup plus strictes et draconiennes que Pierre Toutlmonde qui parle que du profit de ses pépites d'or.

Concrètement, je trouve qu'il serait potentiellement plus drôle d'avoir deux Chefs d'État qui finiraient un sommet diplomatique en se traitant de fils de pute par déclarations cybermondiales interposées, surtout si une escalade d'insultes s'ensuivait, que s'ils terminaient en souhaitant à l'autre de se faire violer ou de se suicider. C'est un exemple caricatural et peut-être un exemple de mon humour pourri, mais ça illustre mon opinion.

Je finirais en disant deux choses.

Premièrement, je ne pense pas que ces sujets dangereux créent plus de jeu politique que d'autres. Concrètement, lorsqu'il est question de politique, parler de pépites d'or est plus approprié que de viol, ne serait-ce que parce que parler des pépites d'or c'est plus facile à rendre drôle que le viol.

Deuxièmement, le site dit ouvertement qu'il est préférable de dire de l'autre qu'il est un infâme traitre à la solde de l'ennemi qu'un gros con. De la même façon, au lieu d'envoyer l'autre se suicider on devrait lui souhaiter de se rater en coupant du fromage à l'épée magique. Au lieu d'accuser son adversaire de pédophile, on devrait l'accuser de faire du tricycle sans selle. Ce ne sont que des références à peine voilées, mais au moins c'est plus dans l'esprit.

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Le staff c'est comme un herpès. Y a moyen de le choper en faisant des trucs cool.

Azraël a écrit :

Tu n'as pas lu ce que j'ai écris.
Je t'invite a relire ma phrase et tu verras que ta réponse est hors de propos.