Filipine a écrit :Il serait peut-être intéressant d'exprimer également ce que les forces de l'ordre devrait représenter selon nous ou les leviers qui pourraient remédier à certaines difficultés.
J'ai par exemple entendu parler de la police de proximité qui avait l'air de fonctionner un peu à l'époque.
Quid de la formation de la police ?
Comment perçoit l'administration les enjeux et la complexité du terrain et de quelle manière transmet-elle les ordres ?
La transversalité de tous les acteurs du terrain (du social au juridique) sur des situations locales existe mais peut-être améliorée ?
Alors pour ma part j'ai toute une série d'idées / de propositions auxquelles je réfléchis depuis quelques jours :
Axe 1 - Rendre la police (et j'inclus la gendarmerie dans ce terme) responsable devant le peupleA mon avis c'est l'axe le plus important et le plus "facile" à mettre en oeuvre, qui part du constat que comme l'a dit le Préfet Lallement, le peuple et les flics ne sont pas du "même camp", ce qui est pour moi impensable dans une société démocratique. Voici ce que je proposerais comme changements :
Supprimer l'IGPN et la remplacer par une autorité administrative indépendante (du Gouvernement et de la police), avec un comité de direction constitué de représentants de la société civile (éventuellement avec des flics, mais qui devraient toujours être minoritaires);
Parallèlement, créer un contre-pouvoir dans la "gestion de carrière" des policiers (un peu sur le modèle du CSM), c'est-à-dire que leurs nominations et leur avancement dans la hiérarchie ou au contraire leur mise au placard ne devraient pas être dépendants du bon vouloir du Ministre de l'Intérieur. Il faut des critères objectifs qui iraient plus loin que la loyauté/servilité à un ministre. Les nominations aux postes clefs, par exemple à la préfecture de police de Paris, devraient toujours être sujettes à l'approbation de panels où la société civile serait majoritaire. Les primes de résultat que reçoivent les commissaires quand ils remplissent leurs objectifs quantitatifs d'interpellations devraient être totalement revus, et remplacés par des critères incluant la qualité de service aux habitants et le respect des règles éthiques;
Pour les polices municipales et de proximité, celles-ci devraient être toujours responsables devant la population locale, qui devrait avoir une bonne vision de l'action policière à sonéchelle et pouvoir alerter en cas d'abus. Dans tous les cas, ces polices devraient être désarmées à la manière de la police britannique, car nous savons que plus une police est armée, plus elle est violente.
Pour la police/gendarmerie nationale, et en particulier les CRS et leur cousins de la gendarmerie mobile, il devrait y avoir un véritable contrôle parlementaire. Tout abus de la part d'un préfet ou d'un commissaire devrait pouvoir être dénoncé devant l'autorité indépendante ayant remplacé l'IGPN, et dans tous les cas le Parlement devrait pouvoir requérir des audits réguliers, tant généraux que ad hoc par exemple sur la gestion de tel ou tel événement.
Axe 2 - Changer la culture de l'institution policière actuelleL'Axe 1 ne peut à mon avis pas fonctionner si la culture de l'institution n'est pas revue de fond en comble. C'est-à-dire qu'avec l'institution fasciste actuelle, il ne pourra y avoir que des résistances massives et des bâtons dans les roues à toute entreprise de responsabilisation de la police. C'est pour ça qu'il faut aussi changer profondeur la police actuelle. Ce que je propose serait notamment de :
Commencer par licencier pour faute tous les policiers fascistes. Déjà, tous ceux qui ont liké des contenus racistes/fascistes sur le fameux groupe facebook devraient être virés immédiatement, ainsi que tous les autres qui prononceraient des injures racistes. Lorsqu'une enquête diligentée contre un policier passe en phase d'instruction, le policier devrait être immédiatement mis à pied à titre conservatoire;
Revoir les conditions d'accès aux fonctions d'encadrement. Je ne pense pas que sélectionner par concours des jeunes en sortie de grandes écoles pour les fonctions de commissaire de police ou d'officier de la gendarmerie nationale soit une bonne idée. En réalité, cette sélection aboutit à avoir un encadrement très homogène socialement (appartenant aux classes sociales les plus favorisées) de "bons élèves" dont la principale aptitude est de se conformer au moule attendu par leur hiérarchie. Je pense que la sélection des commissaires de police devrait se faire parmi les lieutenants qui auraient démontré leur expérience et leur capacité à respecter les règles d'éthique;
Axe 3 - Revoir la place que joue la police dans la société, notamment dans la lutte contre la criminalitéEst-ce que la police est véritablement efficace dans ce qui est censé être sa mission première, à savoir protéger la population des actes de délinquance et de criminalité ?
Ce qui rend le rôle de la police particulièrement difficile, c'est qu'elle est souvent employée comme réponse principale à des problèmes sociaux pour lesquels le pouvoir n'a rien trouvé de mieux que la répression. Le budget du Ministère de l'Intérieur augmente d'année en année, mais la répression est à mon avis inapte à réduire la criminalité quand les causes sous-jacentes de cette criminalité ne sont pas résolues : les flics rassurent et peuvent parfois démanteler tel ou tel réseau de criminels, mais ils ne règlent rien sur le long terme.
Je serais d'avis d'imposer une règle pour que tout investissement budgétaire dans la police ait pour corollaire un investissement au moins équivalent dans des projets efficaces de lutte contre la criminalité, que ça soit d'urbanisme (lutte contre les ghettos de pauvres), d'accès à un enseignement de qualité, de transports, etc.
Les personnes vivant dans des zones criminogènes, avec peu d'investissements publics et qui ont beaucoup de difficultés à trouver un emploi stable devraient pouvoir prétendre à un
revenu garanti par l'Etat et au moins équivalent au SMIC. Après il y a d'autres propositions,
Piketty suggère par exemple un "héritage" de 120 000 € à 25 ans pour tous.
En fait c'est très simple : pauvreté = actes de délinquance / criminalité. Quand on veut lutter contre la criminalité uniquement avec des moyens répressifs, ça veut dire qu'on criminalise la pauvreté, et cela conduit inévitablement à la situation actuelle de violences policières. Lorsque les inégalités croissent,
comme c'est le cas depuis 40 ans en Europe et aux USA, et que la seule réponse du pouvoir est policière, on en arrive à des situations explosives et insurrectionnelles.
Après j'avoue que dans tous les cas, j'ai une préférence personnelle pour une société où on aide les pauvres à vivre dignement plutôt que pour une société où, comme ça a été proposé par un intervenant dans les pages précédentes, on les éduque à coups de tonfa.
Enfin bref, ce ne sont que des idées que je lance comme ça, je n'y ai pas réfléchi dans les détails mais il me semble qu'une politique menée sur ces trois axes pourrait déjà sensiblement améliorer la situation de la police en France.
A.L.F. a écrit :Dites, est-ce que les statistiques ethniques sont autorisées en France en ce qui concerne les crimes et les délits?
Genre la proportion de périgourdins auteurs de violences conjugales par rapport au reste de la population.
Ca donnerait peut-être un début de réponse sur la raison pour laquelle des fonctionnaires de police se mettent à fonder des groupes facebook où ils partagent sans vergogne des mèmes dordognophobes
Parmi les citoyens français il n'y a qu'une seule ethnie, l'ethnie française. Après pour ce qui est des origines étrangères, je ne sais pas s'il est très pertinent de savoir par exemple que le député LREM des Hauts-de-Seine Jacques Marilossian a des origines arméniennes pour expliquer le fait qu'il est un gros raciste. Enfin ce n'est qu'un avis personnel, même si après Devedjian, également raciste et député des Hauts-de-Seine d'origine arménienne, on peut se poser des questions. Je suppose qu'un policier raciste pourrait en conclure que tous les députés des Hauts-de-Seine d'origine arménienne sont racistes.
Et sinon, je ne sais pas si les origines hongroises du plus grand criminel français du XXIème siècle offrent beaucoup d'éléments d'explication sur son parcours.
[ce message a été édité par Raton en Iska le 14/06 à 23:40]