Azrael Von Rich
a écrit :Naiá Jacimirim, ici. Azrael… Azrael…
Très cher Azrael — comme on dit dans l’aristocratie ruthvène
(avec la révérence compassée qui sent la naphtaline et la poudre à perruque).
Votre éloquence est charmante, vraiment. On sent l’avocat qui s’échauffe : posture droite, regard perçant, phrases calibrées pour que la salle applaudisse.
Mais ici, vous n’êtes pas dans un tribunal, et — malchance pour vous — Lee, le mouton et tout son syndicat ne sont pas entourés d’un avocat… mais d’une druide.
Ne vous méprenez pas : je ne juge pas vos choix sentimentaux ni ne remet en cause votre qualité de conjoint — chacun s’attache où il peut — mais vos talents d’avocat ne vous placent pas au niveau requis pour disserter sur les kitsune
(pas de "s" au pluriel).
Vous expliquez d’un air docte qu’une kitsune est une renarde "évoluée”, c’est attendrissant… on dirait un étudiant de première année qui récite sa fiche Wikipédia, croyant dompter le mystère avec un schéma.
Vous ignorez manifestement que la forme n’est qu’un voile, et que l’esprit, lui, est un flux.
Un kitsune, Azrael, se définit par son cycle de maturation spirituelle, sa faculté d’accumuler les queues — les queues d’énergie, et non les partenaires précisons-le — et son affinité avec les flux vitaux qui traversent les mondes.
C’est une créature de transition, comme la flamme : elle éclaire, mais brûle ceux qui la prennent pour un jouet.
Loin du Droit, le magique et le vivant, voyez-vous, c’est mon domaine : Kryland me l’a confié, et Mboï Nhamandú, le boa des étoiles, en a gravé les lois dans les racines de la forêt.
Là où vos articles codifient, nous observons. Là où vos mots enferment, nous laissons l’air passer.
Vous raillez “l’école de la vie” ?
Je vous rassure : la forêt des Grandes Eaux ne distribue pas de diplômes — elle distribue des vérités.
Là où le papier se déchire, le bois tient.
Là où la société ment, l’animal sait.
Et là où vous “argumentez”, la Nature tranche.
Nous aussi, nous avons nos légendes de renard bleu.
Et elles naissent parfois là où il n’existe même pas de renards.
Car la sagesse ne demande jamais la permission des espèces pour se manifester.
Quant à votre pique sur les Bruns… comparer des êtres vivants à des vidanges, c’est exactement ce qui distingue un druide d'un juriste :
l’un parle aux esprits pour comprendre,
l’autre insulte ce qu’il ne comprend pas.
Et pour revenir au sujet qui nous préoccupe — du moins, qui devrait — si le berger a écarté d’emblée la kitsune de la reproduction de ses ovidés, c’est pour éviter toute influence magique sur son troupeau.
Il n'est pas prêt.
C’est son choix, et je le respecte.
La Nature, elle, ne force jamais ceux qui ne sont pas prêts —
elle attend, patiente et immortelle,
que le cercle se referme et que Kryland reprenne son souffle.
j'ai parlé
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Souffle de Kryland,
écailles de Mboï Nhamandú.
[ce message a été édité par Naiá Jacimirim le 20/11 à 11:51]